De mal en pis [Danny et Kenny]

Danny observait Cathleen. Il la détaillait en vérité. Il n'hésitait pas à faire glisser son regard sur le corps de la rousse, observant ses gestes, sa posture, le moindre petit truc qui pourrait lui faire penser qu'elle mentait ou qu'elle tentait de le mener en bateau. S'il n'avait plus son fusil sous le coude, ses poings suffiraient à calmer la demoiselle si elle venait à l'agresser. Le jeune écossais se massa la barbe, pinçant les lèvres dans une moue songeuse.

« Ils tuent pour voler, piller. Mais pas juste pour tuer... J'ai jamais vu un enfoiré tuer pour l'plaisir... »

L'homme était à l'image de l'animal. Il jouait à l'instinct et parfois, il se retrouvait à tuer d'autres hommes pour une raison. Il y avait toujours une raison. La femme battue qui finissait pas se retourner contre son mari et l'achevait à coup de poêle. L'associé véreux qui finissait par tuer son ami et associé pour récupérer tout ce qui leur appartenait. Il y avait toujours une raison. Il se demandait alors si Cathleen connaissait réellement son mari. Ça pouvait devenir tragique qu'elle apprenne des choses sur son mari qu'elle n'aurait jamais soupçonné. Danny soupira doucement, préférant garder le silence à ce sujet. Kenny entra dans la maison quelques secondes pour récupérer un truc, suivi de son loup, puis ressorti aussitôt, comme s'il fuyait la présence féminine. Danny s'en amusa, son petit frère était comme ça, un grand timide. Danny remua un peu dans son fauteuil alors que Cathleen lui faisait la liste de ce qu'elle savait faire. Le jeune homme se leva en grognant.

« Dommage, c'est just'ment d'une cuisinière qu'on a b'soin. »

Puis, il annonça à la rouquine qu'il voulait qu'elle se lave. Un sourire se dessina sur le visage du jeune homme. Un sourire moqueur et qui annonçait qu'il n'allait pas la lâcher d'une semelle pour le moment. Il lui attrapa le bras et se dirigea vers l'extérieur. Il quitta la maisonnette pour rejoindre le hangar où se trouvait Kenny. Il fit asseoir Cathleen sur une botte de paille.

« Tu bouges pas... »

Il vida la grande bassine en bois qui se trouvait dans un coin puis parti faire chauffer de l'eau après avoir demandé à son frère de remplir la baignoire avec de l'eau froide. Danny revint quelques minutes plus tard pour jeter de l'eau bouillante dans la baignoire. Il y plongea la main puis la secoua. Il disparu à nouveau puis revint avec deux grands draps et un savon. Il installa le draps de manière à ce que la rousse puisse avoir un coin d'intimité et posa l'autre pour qu'elle se sèche avec.

« La salle de bain d'Madame est avancée ! »

Il la laissa s'occuper d'elle, s'installant sur la botte de paille. Il était juste devant l'entrée et le seul endroit où elle pouvait s'échapper était une minuscule fenêtre où elle risquait bien de s'y retrouver coincée. Aussi menue soit-elle. Kenny continuait de faire son travail. Sans bouger de sa place, Danny l'aidait comme il pouvait, laissant Cathleen profiter de son bain.

La réflexion de Danny à propos des raisons possibles de la mort de son mari laissa Cathleen silencieuse. Les hommes ne tuaient pas pour rien ? Il y aurait donc une raison derrière ce meurtre ? Mais lequel ? Il n’avait pas juste été tué, tout avait été brûlé avec lui et elle avait tout perdu. Pourquoi tout cela était-il arrivé ? Elle sentait qu’elle n’aurait jamais la réponse désormais. Les raisons, s’il y en avait, avaient été réduites en cendres. Cathleen pinça les lèvres dans une moue contrite. Elle avait la désagréable sensation qu’elle loupait quelque chose sans parvenir à mettre le doigt dessus.

« Il y a un début à tout… » marmonna t-elle, plus pour se rassurer que véritablement adressé à Danny.

Elle espérait que c’était vrai, sinon cela remettait beaucoup de choses en question. Après tout, pourquoi était-elle poursuivie à son tour, elle qui n’avait rien à se reprocher ? Son mari aurait-il omis de lui révéler certaines informations ? Pour l’heure, elle supposait qu’ils en avaient juste après la fortune de sa famille, rien d’autre. Mais ça elle se gardait bien de le révéler au trappeur. Cela pourrait lui donner des idées dont elle se passerait volontiers. Au final, il avait déjà sans doute eu des plans pour la rendre utile tant qu’ils la « détenaient ». Visiblement, malgré ses multiples talents qui auraient été forts utiles ici, Danny était simplement blasé qu’elle ne sache pas cuisiner. C’était paradoxal vu qu’il venait de lui faire à manger.

« Vous vous en sortez très bien comme ça… Et je vous déconseille de goûter à ma cuisine sous peine de finir la journée dans les bois à vous soulager. »

L’annonce de lui faire prendre un bain l’enchantait autant qu’elle la terrifiait. Elle ne savait pas trop à quoi s’attendre et n’avait aucune envie que cet homme, bien qu’attirant, la touche. Dieu seul savait ce qui arriverait par la suite et elle était bien assez éprouvée comme ça. Malheureusement, elle ne semblait pas au bout de ses peines pour le moment. Tirée dehors, elle commença à se demander s’il allait la faire se laver directement dans la rivière qui passait non loin et qu’elle avait vue en passant. Mais au final, ils se dirigèrent vers la grange, ce qui ne l’inspira pas plus que ça sur le moment. La présence de Kenny n’aidait pas non plus. Elle allait finir dépecée au fond de la grange, elle n’en doutait pas. Assise sur sa botte de paille, elle commençait à envisager de prendre la fuite. Mais Kenny était trop près et un coup de feu dans le dos ne pourrait être évité. Elle attendit donc le retour de Danny qui s’affairait avec une baignoire et des draps. Finalement, il allait vraiment la laisser se laver. Il avait même pris la peine de mettre un drap pour la dissimuler. Cette simple attention la rassura. Ces hommes n’étaient pas mauvais.

« Merci… » fit-elle sincèrement.

Une fois derrière le drap, elle hésita un peu puis finit par se déshabiller en vitesse, laissant ses vêtements sur le sol avant de se glisser dans l’eau. L’eau était chaude mais pas brûlante et cela lui fit un bien fou. Encore un peu et elle se serait crue chez elle, même si c’était bien différent du confort qu’elle avait pu avoir. Mais c’était malgré tout un sacré luxe après ces semaines de cavale. Elle se nettoya avec soin, utilisant le savon fourni. Elle nettoya également les diverses coupures qu’elle s’était faites à force de parcourir la forêt. Une fois propre, elle se rinça de son mieux et attrapa le drap qu’elle utilisa en guise de serviette avant d’essorer ses cheveux.

« Je suis propre… Vous voulez vérifier ? »

Elle espérait bien que non mais elle s’attendait à tout venant de leur part. Elle jeta un œil à ses vêtements crasseux qui se trouvaient au sol. Il était temps de les changer mais elle doutait franchement qu’ils aient quelque chose à lui fournir qui pourrait lui aller vu leur carrure.

@Daniel « Danny » Brewster

De mal en pis... .

Cathy, Danny et Kenny

Bon sang d'bordel de dieu. Une vie sans tracas c'était vraiment impossible bon sang ?! Comment pouvait-on tomber sur une pauvre trappe dissimuler dans toute une forêt entière ? Leur trappe surtout ! Et quand bien même on trébuche dessus, faut-il vraiment vouloir l'ouvrir, voir ce qu'il y a dedans et siffler une bouteille à la volée ? Si au moins ça avait été un bonhomme avec une mauvaise trogne et une mauvaise attitude, ils auraient pu régler ça bien plus vite fait. Mais là, une donzelle paumée avec des yeux de biche du genre que l'on a pas envie de tirer sinon ça va nous hanter jusqu'à la fin de nos jours... C'était un esprit bien malin pour leur jouer un tour pareil, ça pour sûr.

Il ne faut pas se leurrer. Dès qu'il l'a pu, Kenny s'est esquivé laissant le fardeau du transport de la siffleuse de whisky à son grand frère. Le cadet lui, non contant de marmonner tout son saoul dans sa barbe les innombrables damnations que son propre père lui a transmis bien malgré lui, s'est donc éloigné dans les bois, principalement pour vérifier si la soi-disant pauvrette n'était au final pas un leurre ou au moins véritablement suivie par une compagnie bien moins aisé à maîtriser. Mais rien. Nul trace, à croire que la vérité sort bien de la bouche d'une irlandaise, son père en dirait sûrement là que c'est une première. Et comme pour se faire pardonner du maléfice joué à leur encontre, les esprits lui proposèrent un cerf en compensation, légèrement égaré au milieu des fourrés, que Kenny pu saisir d'une balle dans la trachée, et dont les derniers instants furent abrégés d'un coup de son couteau effilé dans le cœur. Chasser avec respect, pas plus que de raison, voilà le credo qu'ils s'étaient choisi. Raison de plus pour se faire un peu plus en revendant leur alcool... si personne ne tombait dessus en décidant de tout siffler !
Et ainsi, au creux des bois, les cris d'un tout autre animal se met à résonner. La faune et les esprits y sont presque habitués à présent, à entendre Kenny Brewster jurer à tout va, devant porter un cerf seul sur ses épaules, vu que son frangin était en compagnie de l'autre biche...

L'arrivée à leur foyer ne fut pas du luxe pour le cadet du clan. Le cadre y était bucolique, si on appréciait du moins de vivre reclus au fond d'une forêt. Mais pour eux c'était justement le plus grand luxe qu'ils possédaient.
Bazardant sur le sol de paille brisé sa prise, se tenant les reins et étirant ses muscles contrits par un tel voyage, Kenny regarda en haussant les sourcils la porte d'entrée, se doutant que son frangin y était déjà posé avec cette rouquine de voleuse. Un temps d'arrêt, perdu dans ses pensées, se demandant bien ce qu'ils allaient pouvoir en faire, et surtout, comment rester discrets... Bordel évidement qu'ils allaient pas la buter ! Les Brewster étaient pas des monstres, bien loin de là. Mais pourquoi fallait-il que ce soit un minois de cette trempe qui a cru bon de découvrir leur secret... Un jolie minois qui plus est... Heureusement, Kenny se fait sortir de ses rêveries par Finnegas, bien décidé à ne pas plus attendre que son maître ne se décide pour aller lui fait croquer sa part du butin. Virant le goinfre un peu trop pressé, il se met donc à éteindre enfin le trophée à un crochet de la grange, de quoi au moins le vider et le préparer pour être dépecer et découper. Bon, le bestiaux n'était pas bien imposant et n'allait pas les nourrir longtemps, encore moins leur rapporter, mais ce n'est pas comme si il avait eu le temps de chercher mieux à chasser, alors il fallait s'en contenter. Encore une perte à mettre sur la note de leur indésirable invitée...

Le sang se vidait dans la bassine, les bois reposaient non loin d'un loup regardant le travail en se pourléchant un peu trop les babines pour ne pas savoir ce qu'il attendait. Kenny lui balance le foie, partie préférée de son compagnon canidé avant de terminer de le vider et d'en retirer la peau d'un geste précis qui prouve autant d'une méthode longuement travaillée qu'une certaine habilité au maniement du couteau. Il laisse enfin la peau reposer, plonger une première fois et prête à une première couche de sel iodé.... dont le gros pot se trouvait dans la maison...
Tableau sanglant sur les hanches. Couteau dégoûtant de sang pouvant laisser imaginer le pire des scénario à qui ne pouvait voir le reste de la scène. C'est pourtant bien Kenny qui fixa une nouvelle fois la porte d'entrée avec un air un peu effrayé. Entrer... Là-dedans... alors qu'ils avaient une invitée, chose qui n'était pas arrivé depuis des années. Bon ok, invitée était peut-être un bien grand mot. Mais c'était surtout le côté féminin du mot en lui-même qui retenait le gaillard pourtant connu pour foncer tête baissée. Presque comme pour se protéger, ou du moins se donner du courage, Kenny en vient à appeler son loup à ses côtés pour rentrer à peine quelques secondes récupérer ce dont il avait besoin. Fidèle à son maître, il daigne quitter son délicieux repas pour le suivre avec un air interrogateur, que le cadet prit presque pour un regard de pitié. Tout en lui rétorquant un vague « oh comme si toi tu croulais sous les femelles. », Kenny fini par oser entrer dans sa propre maison, un air mauvais sur le visage, que le tablier ensanglanté n'aidait pas à améliorer, toisant la scène de son grand frère ayant laissé la donzelle s'installer dans son fauteuil et siffler leur ragoût, lui lancer un regard interrogateur mais n'osant pas pour autant parler. Il récupère finalement la jarre de terre cuite renfermant le sel iodé pour préparer les peaux à tanner, non sans trébucher dessus au premier essai et se rattraper avec justement, lançant finalement un regard défiant quiconque de se moquer avant de ressortir en portant le maudit objet, toujours dans un silence et des regards courroucés. Pourtant, à peine la porte franchie et refermée sur lui, l'air se déconfit et Kenny laisse enfin un long souffle s'échapper. Bordel mais qu'allaient-ils bien pouvoir en faire ? Et à ce rythme elle allait finir par être une bouche en plus à s'occuper. Le whisky, le ragoût... ce sera quoi le prochain truc qu'elle voudra leur consommer... Bon l'esprit masculin d'un célibataire endurci prenant ici ses droits dans la tête de Kenny, passons à la suite ou il continu à préparer la peau en rougissant légèrement de ce qu'il se laissait à imaginer.

Puis la porte s'ouvre, tel un loup aux aguets, ou certain y verrait plus une biche affolée, Kenny se redresse et toise les deux s'approcher de la grange ou il se sentait si bien seul, éloigné de la situation. Il regarde son frère installer la rouquine sur un ballot de paille, s'éloignant pour aller vider leur bassine ou ils prenaient la peine de se laver.... Attends quoi il était sérieux là ?!! Le cadet le regarde faire, mais jette aussi et surtout des coups d’œil à la demoiselle à... récurer apparemment. Il ne savait pas quoi faire. Entre continuer à jouer le méchant ou s'adoucir et tenter un contact quitte à bafouiller comme il avait l'habitude. Merde, il savait même pas ou son frangin en était avec l'histoire. Mais la laisser se laver, ça voulait dire quoi ? Et après, il va la coucher et la border ?... Merde, encore quelques pensées de célibataire dont il se serait bien passé à cet instant. Peut-être encore plus gêné que la jeune femme pourtant « prisonnière », enfin, difficile de savoir à cet instant précis quel était son statut. Alors quand elle fini par disparaître derrière les drapés jeter négligemment autour du bain de madame, Kenny ne se gêna pas pour saisir de sa main souillée de sang le bras de son grand frère pour le tirer de son côté et l'enguirlander à voix basse, bien qu'il avait toujours eu un peu de mal à en contrôler le volume, encore plus dans ce genre de situation.

« - T'fais quoi là ?! Tu l'as lave et après ? Tu vas l'envoyer tapiner ?! » Kenny regarde alors son frère avec des yeux effarés, comme si c'était véritablement là ce qu'il avait décidé et non pas juste son simple suggestion. « - Et pis c'est une dame bordel. Quitte à c'qu'est se lave, lui fait pas faire alors que j'évide un putain de cerf à côté. C'pas trop le fumet qu'elles aiment à avoir sur elles que je sache ! »

Son esprit allait en tout sens, un peu trop dépassé par les événements. Lui préférait de loin une vie tranquille, rangée, ou l'aventure était celle qui se passait face à la nature, non pas face à des étrangers. Mais c'est surtout à savoir que la journée filait, que la plus proche ville allait être hors de portée avant que la nuit ne tombe, et qu'il commençait à comprendre que la donzelle allait devoir rester...
Prêt à rétorquer un peu plus de ses inquiétudes, Kenny se fait néanmoins couper par la voix un peu trop calme comparé à ce qu'il avait pu entendre dans la cachette quand ils l'y avaient trouver, demandant tout simplement si il fallait venir vérifier si elle était propre. Les yeux froncés du cadet, le doigt inquisiteur pointé vers son frère, le défiant d'oser passer les draps pour mater la demoiselle dans son plus simple appareil. Il le connaissait son frangin. Il avait le dons pour les attirer. Lui moins, mais c'était plus pour des raisons qui ne servent pas trop à être évoqué. Cherchant à paraître un peu plus présentable du coup comparé à son toujours plus attractif aîné, se débarrassant vite fait de son tablier et essayant de s'essuyer le visage à grand renfort de sa manche qui n'en est elle-même pas forcément plus propret tout juste avant qu'elle finisse par réapparaître bien plus fraîche qu'il ne l'était...

« - Bon... elle a bouffé et elle s'est lavée... c'quoi le plan maintenant grand nigaud ? »

Curieusement, bien qu'elle était là, en fasse de lui, il évitait soigneusement de lui parler, la traitant plus comme une « chose », l'aidant à mieux se concentrer. Il n'en cherchait pas moins à prendre un air un peu moins mauvais, tirant plus vers la grimace d'un homme complètement dépassé.

Danny ne savait pas trop ce qu'il allait faire de la rousse qui semblait être une catastrophe en matière de cuisine. Ça l'arrangeait pas ça. Cependant, elle pouvait toujours devenir leur domestique. Avoir du linge propre régulièrement et une maison propre ne serait pas de trop pour les deux célibataires. Il fallait dire qu'entre les peaux qui traînaient un peu partout, la viande et leur vie de vagabonds chasseurs, les deux frères n'avaient pas énormément de temps pour faire le ménage et la lessive. Ils s'en tenaient à la popote régulière pour éviter de se retrouver à mourir de faim. Aussi, Danny envoya la demoiselle dans le bain, lui donnant un brin d'intimité. Il glissa un regard à Kenny qui semblait complètement en désaccord avec son comportement. Il n'allait pas la tuer quand même. Il profita du fait que la jeune femme se lavait pour aller s'installer près de son frère, son fusil sur les genoux. Il observa le petit Brewster qui fulminait et ronchonnait de la situation. Un léger rire franchit les lèvres de l'aîné.

« Ah bah... Ouais, pourquoi pas ! » Il rit à nouveau puis observa Kenny, taquin. « Dis donc p'tit frère, t'es d'humeur galante ?! C'pas une donzelle qu'tu vas séduire quand même ?! Crois moi qu'j'vais pas la mettre trop à l'aise pour pas qu'elle nous la fasse à l'envers ! »

La conversation se coupa quand la rousse sortit de sa petite salle de bain improvisée, simplement vêtue d'un drap. Il est vrai que ses vêtements n'étaient plus vraiment en état d'être porté. Danny se leva et ramassa les vêtements de la jeune femme avant de s'approcher d'elle, l'observant de haut en bas.

« P't'ête qu't'as raison. L'tapin, elle rapport'rait gros ! » Il tira doucement sur le drap sans pour autant lui retirer. « Va p't'ête falloir qu'tu t'calmes fillette ! J'ai été sympa jusqu'à maint'nant mais ça pas va durer si tu continues... »

Le jeune homme lança un regard à son frère puis lui fit signe de continuer ce qu'il faisait avant de pousser la petite rousse vers leur maison. Bien que ça lui faisait un peu mal, il n'avait d'autre choix que de donner des vêtements de sa défunte femme pour habiller la jeune femme. De toute manière, elle n'allait pas lui en vouloir, ils ne lui servaient plus. Danny fit asseoir Cathleen sur le fauteuil et fouilla dans un placard avant de lui sortir des vêtements de femmes. La rousse avait un peu moins de poitrine que la femme de Danny mais les robes devraient lui aller. Il posa les vêtements près d'elle, le cœur lourd. Ça se voyait sur son visage que ça lui faisait mal au cœur mais il n'avait pas le choix. Elle n'allait pas vivre nue. Il resta dos à elle.

« T'peux t'habiller, j'regarde pas. »

Une fois qu'elle fut habillée, il appela Kenny pour qu'il les rejoigne. La nuit commençait à tomber et il ne comptait pas relâcher Cathleen de si tôt. Et puis, elle risquait de mourir s'il la relâchait maintenant. La nuit, les prédateurs étaient de sortie. Une fois que Kenny fut là, il observa son petit frère.

« Elle dormira dans ta chambre. On la surveillera à tour d'rôle. Maint'nant, on va manger. »

Danny attrapa de quoi faire un ragoût. Des patates, des carottes. Aussi étrange que ça puisse paraître, les frères avaient aussi la main verte. En vérité, les rumeurs allaient bon train à dire qu'ils finiraient seuls, sans femme. Il posa un couteau sur la table à l'intention de Cathleen.

« Peler des patates, c'pas sorcier. T'es pas débile, aide nous. »

Difficile de dire ce qui était le pire : le fait de se sentir prisonnière, les regards que lui lançaient les deux frères ou le fait de craindre pour sa vie. Même si les deux hommes n'avaient rien fait de menaçant envers elle jusqu'à présent, Cathleen ne se sentait pas pour autant en sécurité. Ce n'était pas parce qu'ils s'étaient tenus sages jusqu'à présent qu'ils le seraient tout le temps. Les hommes se sentaient parfois au-dessus des lois ou même de la volonté des autres, surtout des femmes. L'irlandaise en avait bien conscience et même si elle savait se défendre, elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait rien faire contre eux. L'attitude du dénommé Kenny l'intriguait mais il semblait plus timide qu'autre chose, comme s'il la fuyait. Ce n'était peut-être pas plus mal mais elle ne savait pas trop à quoi s'en tenir pour le moment. Il était peut-être imprévisible.

Dans son bain de fortune, elle entendit les hommes se parler. Ils étaient trop loin et ne parlaient pas assez distinctement pour qu'elle entende tout mais elle perçut quelques mots qui ne lui plurent pas trop. Définitivement, il fallait qu'elle songe à un plan pour s'enfuir. Elle n'en avait strictement rien à faire de leur trafic, tout ce qui lui importait était de rester en vie et d'être en sécurité. Et même si pour le moment cela semblait être le cas, elle ne voulait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Juste vêtue de son drap, elle les provoqua une nouvelle fois en espérant qu'ils ne mordraient pas à l'hameçon malgré tout. Danny s'approcha et elle n'aima ni la réflexion qu'il fit ni le geste qui suivit. Par réflexe, elle resserra le drap autour d'elle, manquant de l'insulter voire même de le frapper. Elle voulut répliquer et lui donner son point de vue mais il anticipa et elle ne fit que marmonner quelque chose d'incompréhensible. Si c'était ça la version sympa, elle préférait ne pas trop continuer de les chercher.

Alors qu'il la poussait vers la maison, elle pinça les lèvres en espérant que c'était pour lui donner des vêtements et pas autre chose. Le fait que Kenny reste dans la grange la rassura un peu. Quoi qu'elle se demandait si elle ne pourrait pas le mettre de son côté. Monter les frères l'un contre l'autre pouvait être une idée. Elle ne garda cependant pas cette idée dans un coin de sa tête car manipuler les autres n'était pas son genre. Cela pourrait toutefois lui sauver la vie. Assise dans un fauteuil, elle soupira et garda ses bras autour d'elle. Elle était propre et maintenant ? Elle n'allait pas se balader dans ce drap toute sa vie. Danny lui apporta des vêtements féminins. C'était étrange car aucune femme ne semblait vivre avec eux. Peut-être que l'un d'eux avait été marié et qu'elle était partie à cause de leurs manières de rustres ? A moins... qu'elle n'était pas la première qu'ils kidnappaient. Cette pensée lui donna un frisson. Elle observa les vêtements puis jeta un coup d'oeil à Danny avant qu'il ne se retourne. Il semblait touché par le simple fait de lui donner des vêtements. Sans doute avaient-ils plus de signification que ce qu'elle pensait.

« Merci... »

Elle hésita puis se débarrassa du drap et enfila les vêtements. Ils étaient presque pile à la bonne taille, juste un peu baillant au niveau de la poitrine mais c'était largement mieux que des vêtements d'homme. Et maintenant ? Qu'allaient-ils faire ? Apparemment la relâcher n'était pas au programme mais elle ne voyait pas ce qu'elle pourrait devenir ici. En jetant un œil par la fenêtre, elle remarqua que la nuit tombait. Quitter la maison aurait été du suicide et au final elle était plus en sécurité ici pour le moment.

« J'irais en ville acheter d'autres vêtements, je vous rendrai ceux là... »

S'ils la laissaient aller en ville, ce qui n'était clairement pas gagné. Kenny les rejoignit et Danny imposa à ce dernier de laisser Cathleen dormir dans sa chambre à lui, ce qui lui fit hausser les sourcils. Maintenant elle allait être surveillée pendant qu'elle dormait ? Prévoyaient-ils aussi de l'attacher ?

« Je ne vais pas m'envoler... Il fait nuit. Je suis plus en sécurité ici, je ne partirais pas... »

Elle savait que cela ne changerait rien mais qui ne tentait rien n'avait rien. Mais pour l'heure, il fallait préparer le repas et Danny lui imposa de les aider. Elle attrapa le couteau avec dextérité et entreprit de peler les pommes de terre.

« Ce n'est pas parce que j'ai dit que je cuisinais mal que je ne sais pas me servir d'un couteau. » fit-elle remarquer, se demandant si Danny la prenait vraiment pour une idiote. « Et demain ? Qu'est ce que vous prévoyez de faire de moi ? »

Parce qu'elle savait bien qu'ils n'allaient pas la garder juste pour le plaisir des yeux. Il allait falloir prendre des décisions et elle était à peu près certaine que ce qu'elle désirait ne serait pas au programme.

@Kenneth «Kenny» Brewster @Daniel « Danny » Brewster

De mal en pis... .

Cathy, Danny et Kenny

Des conneries tout ça... Pourquoi ça devait leur arriver à eux... Une vie pénarde était trop demandée... Si ça continu on aura qu'à partir vers l'Ouest sauvage là ou vraiment personne viendra nous emmerder... Toute ces pensées que Kenny ruminait dans sa tête en attendant que la donzelle sorte de la bassine, il ne les pensait pas vraiment évidement. Comme un gamin pestant d'avoir été puni disons. Il avait encore un esprit d'enfant par moment, peut-être du fait de n'avoir pas encore pris son propre envol dans la vie, toujours attaché à son frère, pilier de son monde depuis toujours. Bon ok, le coup de partir explorer l'Ouest par contre, ça il en rêve un peu. Mais ça voudrait aussi s'éloigner de la civilisation, et quand même bien il avait du mal avec, il ne sait pas si il pourrait à ce point tout laisser derrière. Et Danny accepterait pas de tout façon. Lui est trop attaché à tout ça. Alors il reste. Mais faigh muin, il était clair qu'il se passerait bien de ce genre de surprise au moins.

« - dùin do bheul... sérieux. J'veux juste pas qu'elle puisse nous en vouloir trop, 'spèce d'idiot. Si on veut vraiment qu'elle la ferme, faut p'têt qu'on s'la mette un peu plus dans la poche t'crois pas ? » Kenny regarde son grand frère, une lueur inquiète au fond des yeux, le genre que l'on ne voit pas si souvent au final dans le regard des Brewster. « - J'pas envie d'avoir à l'enterrer dans un coin car on a pas pu trouver moyen d'la lui fermer autrement... Ce s'rait pas bien frérot.... »

Il avait beau être comme un loup, montrer les crocs à la moindre imprévue sur son territoire, Kenny n'en était pas moins un homme, avec ses principes, ses idéaux, et ses peurs. Les esprits comptaient beaucoup pour lui. Il allait pas allumer de cierge à la paroisse la plus proche pour sur, mais déposait des fleurs sur la tombe de la défunte femme de son frère qui fut tout aussi importante pour lui. Il priait son esprit en Siouane comme les quelques mots qu'ils s'étaient tout deux à amuser à lui apprendre... Il a cette croyance qu'elle soit encore là, à veiller sur ces deux cons qu'ils étaient, un peu paumé depuis qu'elle les avait elle aussi quittait... Enfin au moins elle, ce n'était pas de sa propre volonté... Cela aurait été si simple si elle avait été encore là. Elle aurait su quoi dire, quoi faire. Alors que eux... Ils étaient clairement pas sortis de cette merde...
Écarquillant un peu les yeux et lever un sourcils quand la bougresse se montre après son bain, et que son grand con de frère s'amuse à tirer sur le seul drap qui la couvrait, il ne pu faire autre chose que de se retourner en gueulant à son frère d'arrêter en gaélique. Mais elle va penser quoi aussi bordel. Kenny était pas non plus un puceau farouche, y en a bien une ou deux qui ont réussi à lui retirer sa seconde peau de bête pour aller tâter de l'humain qu'il y a en dessous. Mais là c'était tout autre, pas de la séduction, aucune rémunération non plus, juste une femme paumé tombée sur ce qu'elle devait pas voir et qui pouvait tellement les mettre dans la merde jusqu'au cou. Pourquoi ça pouvait pas être un gars sérieux ? Un mec à moitié crevé, une raclure qui aurait eu en plus une vraie prime mort ou vif sur sa sale tronche. Là au moins il aurait pu s'en occuper sans que cela ne l'empêche de dormir par la suite....
Par dessus son épaule, il voit le signe de son frère alors qu'ils s'éloignent enfin après être venu l'emmerder dans ce qu'il faisait. Trop content de retourner à sa besogne sans des spectateurs dont une surtout une à moitié à poils, il se rendra seulement compte le lendemain à quel point son esprit un peu trop préoccupé lui aura fait dégueulassé le travail et rendra la peau quasiment invendable.

La besogne enfin fini, Kenny prit le temps de bien se nettoyer dans la bassine que venait justement d'utiliser la rouquine. Il en sorti même un long cheveux qu'il regarda longuement... Apparemment elles sont toute comme ça dans au vieux pays... La tignasse vive et le teins blanc comme une merde de laitier, paye ta discrétion aussi. La voix du frangin se fait attendre pour qu'il rapplique. Il lui grommelle en retour un truc à peine compréhensible et fini de se débarbouiller, plus longuement que à l'accoutument il est vrai, pour finir par accepter de rentrer chez eux. Bordel, c'était chez lui après tout, il allait pas non plus coucher dehors pour elle !

Le cadet rentre enfin chez lui. Normalement il aurait défait ses bretelles, retiré ses bottes et se serait laissé tomber mollement dans son propre fauteuil avant de fumer quelques bonnes bouffées avec son frère en pelant eux-même les pommes de terre. Mais d'une, elle avait déjà investi l'un de leur siège, de deux, Danny le lui avait aussi refilé la corvée. Mais ce qui l'estomaqua le plus fut bien de la voir portant une des robes de la défunte femme de son frère. Pour une fois pourtant, Kenny se la ferma. Il se doutait que c'était la meilleur solution. Et après tout, c'était le choix de Danny. Cela n'en restait pas moins choquant à ses yeux. Cette histoire le dépassait bien trop pour sur...

« - QUOI?! Comment ça MA chambre ? Et pourquoi pas la tienne ? Falbh fàirich fhèin... » à partir de là, le flot d'insulte gaélique continua comme un torrent sorti de son lit. Un sorte de petit vieux bien avant l'heure ruminant dans sa langue natale tout seul. Il se doutait bien que cela n'y changerait rien au final. Sa chambre ou celle de Danny, si ils allaient en plus devoir la surveiller une bonne partie de la soirée, mais ce que son grand con de frère oubliait, c'est que la chambre de son frère comparé à la sienne, n'avait encore jamais trop accueillit de femme. Ici au fin fond de la forêt, il y en a bien que une qui avait accepté de les rejoindre, et ça avait celle de Danny. Les plumards dans lesquels il a pu se vautrer avec le beau sexe, il était dans les saloons des villes alentours. Mais son lit... Comme si il avait besoin de penser à ce genre de détails alors que leur situation était déjà merdique. Mais les décisions de son frère ne l'arrangeait vraiment pas.

Préférant s'occuper du morceau de viande à mettre avec le râgout, car chez les Brewster on fait pousser des légumes mais on restait des viandards, il commençait à la préparer avec toujours autant de hargne, allant la balancer dans la préparation, quitte à continuer à envoyer quelques insultes dans le vent en lançant des regards noirs à qui ose le croiser.

Kenny était fâché et Danny le sentait bien. Leur tranquillité était désormais mise à mal à cause de cette fille. Et quelque part, il n'avait pas tort. Mais ce n'était pas dans le comportement de l'aîné des Brewster d'aller tuer les gens et les enterrer. Un léger rire franchit les lèvres de Danny alors qu'il observait les traits inquiets de son petit frère. Il réfléchissait beaucoup trop à la situation. Danny se contenta de secouer son visage, soupirant doucement. Ils étaient dans une sacrée merde. Peut être qu'ils auraient simplement dû relâcher la demoiselle et déplacer la distillerie, ça aurait été bien moins complexe. Quoi qu'il en soit, elle était là et Danny comptait bien s'en occuper. À commencer par l'habiller.

Danny n'avait pas forcément envie de donner les vêtements de sa femme à une inconnue mais que pouvait-il en faire ? Le jeune homme n'allait pas continuer à garder ces vêtements que personne ne mettrait plus. Finalement, Danny se tourna une fois qu'il fut assuré que Cathleen était habillée. Il la détailla un court instant avant de se détourner d'elle, faisant quelque chose de banal pour s'occuper.

« C'pas utile, garde les. Ils servent plus. »

Enfin, quand Kenny pénétra dans la maison, Danny annonça qu'il laisserait sa chambre à Cathleen. Ce dernier lança un regard noir à son petit frère qui râlait de laisser sa chambre. Il le dévisagea, pas forcément heureux de son comportement enfantin. Il le laissa déverser son flot d'insultes avant de venir lui coller une claque derrière le crâne, bien assez forte pour le faire taire. À partir de là, il ne parlait plus qu'en gaélique. C'était presque étrange la façon dont il parlait, comme s'il s'agissait de sa langue maternelle. Dans un sens, c'était vrai. Leurs parents n'avaient jamais parlé autrement que comme ça avec eux. Danny avait même eu du mal à s'adresser aux autres en anglais.

« Bah... Si ça t'gêne, t'as qu'à dormir avec elle ! Elle porte d'jà ses vêtements, j'vais pas en plus lui donner mon lit ! Sois pas si con bordel ! Et pis reste poli ! »

À ces mots, Danny lança à tout le monde qu'il était temps de préparer le repas. Lui, il avait faim et il en avait ras le cul de jouer les nounous. Entre la rouquine qui l'ouvrait trop et son frère qui faisait la gueule, il allait finir par les planter là tous les deux et dormir dans la grange, dans la paille. Où personne ne viendrait l'emmerder. Il jeta un regard noir en biais à Cathleen, agacé qu'elle l'ouvre toujours. Visiblement, cette fille n'avait pas le moindre humour et se vexait d'un rien. Kenny boudait dans son coin, s'occupant de la viande. Danny aidait Cathleen avec les patates, soupirant à maintes reprises.

« J'sais pas c'qu'on va faire de toi... t'as qu'à t'tirer. Kenny arrêt'ra d'faire la gueule pis moi j'serais tranquille. Parc'que vous m'cassez profondément les couilles tous les deux ! »

Voilà, c'était dit. Mais il était bien certain que Cathleen ne franchirait pas la porte. Déjà parce qu'il faisait nuit désormais et qu'elle ne saurait jamais trouver le chemin de la ville de Blackwood Pine dans cette nuit noire. Puis, parce qu'elle semblait en fuite et que les hommes qui avaient tué son mari étaient sûrement à sa recherche. De ce que Danny avait compris, elle était sûrement un témoin gênant et donc, un témoin à éliminer. Terminant sa dernière patate, Danny se leva pour tout mettre dans la marmite et la posa au dessus du feu, laissant le soin à Kenny d'y mettre la viande. Puis, il mis la table avant de s'allumer une cigarette. Au dessus de leur tête, un craquement violent déchira le ciel, suivi d'une pluie diluvienne.

« Merde les peaux !! »

Sans attendre, Danny fila dehors, sous la pluie, récupérant alors les peaux qui séchaient tranquillement.

Cathleen n’avait pas besoin d’entendre ce que se disaient les deux frères pour sentir la tension qui émanaient d’eux. Au final, elle se demandait si les plus stressés, ce n’était pas elle mais eux. Son arrivée imprévue chez eux semblait remettre en question pas mal de choses et jouait sur leurs principes. Bien qu’ils avaient l’air d’être des gens bien à première vue, elle craignait de ce qu’ils pourraient oser faire pour se protéger. La fabrication d’alcool était punie par la loi. Et elle doutait fortement qu’ils aient produit tout ça pour leur consommation personnelle. Ils devaient donc la vendre, en faire un trafic. Cathleen ne pouvait les blâmer. Il fallait bien vivre et elle-même avait vendu beaucoup d’alcool à l’époque où cela était encore autorisé. Elle ne voyait d’ailleurs pas bien où était le problème de l’alcool mais elle ne pouvait pas y faire grand chose.

A sa sortie du bain, elle ignorait encore si les frères s’étaient enfin décidés sur son sort. Danny semblait prendre un malin plaisir à la tourmenter ou à lui faire peur. Kenny, quant à lui, semblait bien plus réservé et timide. Preuve en était lorsqu’il se retourna, sans doute de peur que son frère fasse tomber le drap qui la couvrait. Etait-ce du respect ou de la timidité vis-à-vis d’une femme ? Difficile à dire. Mais cela avait un côté mignon. Sans doute n’aurait-elle pas grand-chose à craindre de lui. Même si, avec les mains pleines de sang, c’était difficile à croire pour le moment. Cela amusa légèrement Cathleen de l’entendre grogner en gaélique puisqu’elle le comprenait évidemment. Sans doute pensait-il que non.

Danny lui donna des vêtements propres, appartenant à une femme qui n’était plus là apparemment. Bien que Cathleen avait proposé de s’acheter d’autres vêtements, l’homme estima que ce n’était pas nécessaire. La rouquine préféra pour le moment ne pas faire la réflexion comme quoi elle aurait été plus à l’aise en pantalon pour diverses raisons mais elle s’abstint. Courir en robe était des plus casse-gueule et ce n’était pas une tenue pour chasser. Apparemment ce n’était de toute façon pas au programme. Mais à vrai dire, elle ignorait complètement ce qu’elle allait devenir. Pour la nuit, Danny proposa qu’elle dorme dans le lit de Kenny, ce qui révolta ce dernier. Visiblement il ne tenait pas à prêter son bien. Cela sembla vraiment le contrarier, à un tel point que cela fit hausser les sourcils de l’irlandaise. Vraiment, sa présence les perturbait.

Danny s’agaça à son tour et finit par sortir. De ce qu’elle comprenait, les vêtements qu’elle portait devaient appartenir à une femme qui était proche de Danny plus que de Kenny. Cathleen préféra rester silencieuse. Si elle ouvrait la bouche, elle savait qu’elle irait au-devant d’ennuis. Pire, ils pourraient la jeter dehors ou la tuer. Cela règlerait bien des problèmes… Elle se fit discrète et les aida à préparer le repas, tout de même curieuse de savoir ce qu’elle allait devenir. L’homme en colère l’invita à s’en aller. Bien évidemment elle ne comptait pas accepter la proposition. Sortir alors qu’il faisait nuit était la pire des idées, surtout dans un environnement qu’elle ne connaissait pas. Elle était en sécurité ici, d’une certaine façon. Elle soupira doucement.

« Je ne voulais pas vous causer de problèmes… Je dormirais sur le fauteuil. Je ne crois pas qu’il soit nécessaire de me surveiller, enfin, faites comme vous le voulez. Attachez moi si ça peut soulager vos esprits au moins pour la nuit. Je ne me sauverai pas. Je n’ai aucun endroit où aller de toute façon… »

Au fond, ces hommes l’avaient aidée et elle leur en était reconnaissante même si elle n’était pas encore à l’aise. La nuit portait conseil, c’était le dicton. Elle espérait que ce serait vrai. Alors que Danny sortit en réalisant qu’il avait oublié les peaux dehors, elle sortit sans hésiter à sa suite pour aller l’aider.

@Kenneth «Kenny» Brewster @Daniel « Danny » Brewster