Trahison et promotion ft. Jaime

Latham ferma son carnet avec un fin sourire satisfait. Le jeune homme observa de nouveau le verger en contrebas, persuadé que les informations qu'on lui avait fourni étaient vraies. Après tout, elles venaient de son bras droit en personne. Pourquoi ne lui ferait-il pas confiance ? Il avait toujours eu une confiance aveugle envers Butch. Après tout, il l'avait aidé tant de fois qu'il ne se voyait pas autrement que confiant envers cet homme. Latham inspira profondément et se tourna vers les deux hommes qui l'avaient accompagné. Butch et Jaime. Butch cracha au soleil avant de s'éponger le front. Il ne faisait pas si chaud que ça mais Latham ne s'en préoccupa pas. Il remit son chapeau correctement.

« Bon. Selon les informations de Butch, la petite chaumière au bout du verger abrite une bande de six gars qu'il va falloir dégommer. Ils ont récolté un gros magot à San Francisco et je le veux. Ça nous aiderait grandement et puis, j'aime pas qu'on nous double. Alors, pas de quartier pour ses enfoirés. »

À ses mots, il attrapa le fusil glissé dans la sacoche de sa selle et l'arma. Il n'était pas très bon tireur mais ce n'était pas lui qui ferait le plus de dégâts mais les deux autres. Lui, il servait simplement d'appât. Un jour, il finirait par savoir tirer correctement. Pour le moment, il était jeune et fier de ce qu'il était. Butch grogna quelque chose avant de s'éponger le front à nouveau, semblant agiter. Latham ne s'en préoccupa pas plus qu'avant, s'étirant avant de descendre vers le verger. De la fumée s'échappait de la petite cheminée en pierre grise et une odeur de tabac bon marché devenait de plus en plus fort à mesure qu'ils avançaient vers la petite chaumière. Des éclats de voix se firent entendre et Latham se glissa près d'une fenêtre entrouverte. Il glissa la fente de son canon dans l'ouverture et prit soin de prendre son temps. Au bout d'un moment, une détonation se fit entendre et un des six hommes s'effondra sur le sol alors que les autres s'agitèrent pour récupérer leurs armes et se mettre en joue. Ils semblaient tous désorganisés, trop excités par leur récolte. Latham fit signe à Jaime de passer de l'autre côté de la chaumière alors que Butch s'approchait de lui. Butch finit par tirer dans le tas. Latham était occupé à regarder, un fin sourire sur le visage. Quand la tuerie prit fin, Latham s'engagea pour entrer dans la chaumière mais une violente douleur à l'arrière du crâne le fit s'étaler sur le sol. Il fut retourner vivement, aveuglé par le soleil. Butch se pencha au dessus de lui, lui collant son poing dans la figure avant de s'installer sur lui, entourant son cou de ses mains. Latham sentit sa prise autour de son cou et attrapa les poignets pour le faire lâcher mais rien ne vint.

« Tu vas crever. Et je vais enfin prendre ta putain de place ! Ce fric y s'ra pas pour toi ! Y s'ra pour moi !! »
@Jaime Ortega

Trahison et promotion

Encore assis sur sa jument, Jaime observait les environs d’un air circonspect. Il ne savait pas pourquoi mais ce plan ne lui plaisait pas. Peut-être parce qu’il venait de Butch et qu’il n’avait jamais pu sentir ce dernier. Et cette fois ce n’était même pas à cause de l’odeur, pourtant il transpirait comme un goret. N’ayant rien à redire malgré tout, Jaime mit cela sur le compte de la jalousie plus qu’autre chose. Cet homme ne les avait jamais trahi, le mexicain ne pouvait donc l’accuser de quoi que ce soit. Juste avoir des intuitions n’était pas une preuve en soi. Puisque Latham semblait près, Jaime descendit finalement de son cheval, vérifia que ses armes étaient chargées et prêtes puis suivit le mouvement sans un mot. Ce n’était pas lui le cerveau, loin de là. Il était juste l’exécutant et veillait à la sécurité de son ami. Butch, lui, pouvait bien crever que cela ne lui aurait fait ni chaud ni froid. Mais ce n’était pas pour autant qu’il ne lui aurait pas donné un coup de main si besoin était. Appartenir à un clan était plus que la satisfaction individuelle. Sinon on n’allait pas loin.

Arme à la main, un magnifique revolver qu’il venait de récupérer sur le corps d’un type qu’il avait descendu, il collait Latham au train. Après tout, le macchabé n’en avait plus besoin. Jaime s’éloigna un peu, surveillant que personne ne sorte de la cabane sans pour autant perdre Latham de vue. Le coup de feu lança le top départ. Après l’ordre silencieux qui lui fut donné, le mexicain contourna la cabane et fit feu à travers une autre fenêtre qu’il avait au préalablement cassée à coup de crosse. Mieux valait éviter de se prendre un éclat de verre en tirant directement à travers la fenêtre. La fusillade ne dura pas bien longtemps. Bientôt, le silence régna. Il ne restait plus qu’à récupérer le butin et à vérifier surtout que tous ces salopards étaient bel et bien morts. Ce ne serait pas la première fois que quelqu’un feignait d’être mort pour s’en sortir ou pour faire un coup en traitre.

Mais le traitre n’était pas à l’intérieur. Lorsque Jaime revint vers son point de départ, il aperçut Latham en mauvaise posture. Au sol, des mains autour de son cou. Jaime leva l’arme qu’il venait encore à la main et tira sans sommation. Pas le temps pour la parlote, il pouvait être trop tard à n’importe quel moment. La balle se logea dans le crâne de l’assaillant qui s’écroula à moitié sur le rouquin. Jaime arriva précipitamment à sa hauteur, poussant le corps du pied et tendit la main à Latham pour l’aider à se lever. « Ca va devenir une habitude. » Il faisait bien sûr référence au fait qu’il lui avait encore une fois sauvé la vie. Au moins il était rassuré de voir que son ami allait bien malgré sa gorge rougie.

Puisqu’il était sauf, Jaime regarda le corps de l’agresseur. Et il ne fut surpris qu’à moitié de voir que malgré le visage abimé par l’éclat de la balle, il s’agissait de Butch. Je le savais. Jamais pu le voir en peinture ce con là. Jaime soupira et le poussa un peu plus. « On est entourés par les fils de pute. Faudrait que tu choisisses mieux tes bras droit. » Difficile de savoir à quoi pouvaient penser les gens et ce qu’ils allaient devenir au fil du temps. L’attrait du pouvoir corrompait bien des hommes. Par chance, Jaime n’en avait jamais rien eu à faire. Il aimait sa liberté et n’avait pas spécialement envie de monter dans les rangs. Il se battait pour sa propre vie, celle de son ami et c’était très bien comme ça.

Est ce que sa fin allait arriver aujourd'hui alors qu'il allait récupérer un beau magot ? Latham n'en revenait pas de la trahison qu'il était en train de subir. Son bras droit, celui qu'il pensait être le plus fiable. Butch le suivait depuis l'enfance. Si Latham lui faisait une confiance aveugle, il savait que des sa bande, certains n'aimaient pas Butch. Il ne comprenait pas pourquoi. Peut être était ce du au fait que, ces derniers temps, Butch avait tendance à disparaître sans rien dire et durant longtemps. Latham avait simplement soupçonné qu'il fréquentait une fille et qu'il y était attaché. Mais il se trompait lourdement puisque son ami et bras droit avait simplement du passer son temps à le trahir crapuleusement. Et aujourd'hui, il allait le tuer et sûrement récupérer le clan et l'argent. Latham essayait de se débattre comme il pouvait. De plus, il ne savait que très peu se battre et n'aimait pas se salir les mains de cette manière. Achever les gens ne le dérangeait pas mais s'il avait un clan, c'était précisément pour ça qu'il avait des gros bras pour faire le sale boulot.

Alors que Latham cherchait de l'air et à se dégager de son traître, un coup de feu retentit. Sur le moment, il sursauta, pensant que Butch lui avait tiré dessus, Dieu sait comment. Mais aucune douleur autre que son étranglement ne se fit ressentir. Le jeune homme sentit alors la lourde masse de Butch s'étaler sur lui, se mettant à tousser alors que les mains de son agresseur le libérait. Butch disparu de son champs de vision et une main se tendit vers lui. Main qu'il prit rapidement pour se redresser, toussant et se massant le cou. Une fois debout, Latham fut soulager de voir Jaime. Le colosse n'avait pas tort. Ça faisait la seconde fois qu'il lui sauvait la vie. Latham soupira doucement et hocha son visage, tapotant le torse de son ami.

« T'as gagné une promotion. Merci. »

Puis, il se détourna de Butch que Jaime critiquait ouvertement. Il s'en foutait pas mal de lui désormais. Il était mort et Latham était vivant. De ce fait, il ramassa son fusil et son chapeau, le remettant sur son crâne.

« Ouais, je pense que le choix que je viens de faire est plus judicieux... Enfin, j'espère. »

Latham lança un regard à Jaime. Oui, lui il l'avait sauvé deux fois. Pour mieux le poignarder ? Il ne pensait pas. Peu importe, pour le moment il l'avait sauvé et il n'allait pas se retourner contre lui. Il lui devait la vie, deux fois. Lourde dette. Quoi qu'il en soit, maintenant il devait récupérer le fric. Il entra dans la petite chaumière, grimaçant en voyant le sang sur les murs. Ils n'y avaient pas été de main morte. Latham posa son fusil après s'être assuré que tout le monde soit mort puis ramassa l'argent, le fourrant dans des sacs.

« Au final, sur ce point, Butch a eu le nez fin. Même si je pense qu'il ne s'attendait pas crever comme un chien... »

Trahison et promotion

Après avoir tiré sur l’infame traitre de Butch, Jaime pesta contre lui-même, mécontent d’avoir douté de son instinct. Il aurait dû tuer ce salopard depuis longtemps mais manque de preuves, il s’était retenu. D’ordinaire il ne se retenait pas, se fiant à cet instinct qui lui avait sauvé la vie plus d’une fois. Au moins la chance fut de son côté car il était intervenu à temps. Il se demanda même pourquoi Butch n’avait pas simplement tiré sur Latham au lieu d’essayer de l’étrangler. Clairement, l’homme n’avait pas été des plus malins mais Jaime n’allait pas s’en plaindre. Son ami était vivant et c’était la deuxième fois qu’il lui sauvait la mise. C’était à ça que servaient les amis, non ? Et Butch n’était définitivement pas ce que l’on pouvait qualifier d’ami. Latham le remercia en lui offrant une promotion, ce qui lui fit hausser un sourcil. Son geste n’avait pas été motivé par l’appât du gain. « Une promotion ? Tu veux dire son poste à lui ? » Il poussa le corps de Butch du bout de sa botte sale. Pas question d’enterrer ce fourbe, il méritait de se faire dévorer par les animaux.

Latham parlait de choix mais au final, c’était un choix un peu par défaut sur le moment. Néanmoins, Jaime était plutôt touché par l’offre, bien qu’il n’était pas certain de faire l’affaire à ce poste là. Il n’était qu’un gros bras, un homme qui faisait le sale travail. La tête pensante, ce n’était pas lui, même s’il était loin d’être demeuré. Il aimait l’action et non les parlottes inutiles comme le faisait si bien Butch. « Je sais pas si c’est super judicieux effectivement. Je suis pas certain de faire un bon bras droit. Je te protège mais le reste, je sais pas… Tu crois vraiment ? »

Jaime n’était pas du genre à douter de lui. Du moins pas pour ses domaines de prédilections. Là c’était une autre histoire et il ne voulait pas que son ami regrette son choix. Evidemment il ne comptait pas le trahir. Le mexicain n’était absolument pas guidé par l’attrait du pouvoir et son ami le savait. C’était peut-être ce qui motivait son choix d’autant plus. Latham préféra pour le moment récupérer le butin qu’ils étaient venus chercher et Jaime préféra à son tour ne pas revenir sur la discussion. Mieux valait mettre les voiles avant que les coups de feu n’attirent de vilains fouineurs. Ils étaient déjà recherchés partout, ce n’était pas la peine d’ajouter des problèmes à leur tableau de chasse.

A l’intérieur, Jaime fit les poches des morts, pas spécialement dégouté de manipuler un cadavre. Ils étaient encore chaud après tout. On aurait juste dit qu’ils dormaient. Même s’ils étaient criblés de plomb. Le mexicain en profita pour récupérer quelques babioles et munitions lorsqu’il eut mis de côté le fric dans des sacs. « Il a eu ce qu’il méritait. On devrait d’ailleurs peut-être vérifié si personne au sein du clan n’aurait des envies similaires. Faire un peu de ménage… enfin tu vois. » Jaime n’avait jamais aimé les traitres. Il était bien des choses mais il était loyal. « Bon, j’ai tout. On peut mettre les voiles. »

Il quitta la maisonnette et accrocha les sacs à sa selle. Cela faisait un beau paquet d’argent et il espérait pouvoir en dépenser un peu. Mais cela, c’était Latham qui allait le décider. L’homme de main remonta sur son cheval et remit quelques balles dans le barillet en attendant son chef. « Joli pactole. Pourquoi on n’irait pas fêter ça ? T’as failli claquer. Ca mérite bien des petits plaisirs. »

Le monde était pourri même dans les rangs les plus intimes du clan de Latham. Jamais il n'aurait cru que Butch le trahirait de la sorte. Cet homme avait toujours eu un comportement plus ou moins étrange mais Latham se disait juste qu'il était comme ça. Il apparaissait comme un solitaire renfrogné, souriant vraiment peu et répondant la plupart du temps par des grognements que par des mots. Il n'aimait pas beaucoup es gens peu éloquents mais Butch avait fait ses preuves et il avait fait un bon bras droit jusqu'à présent. L'homme observait le cadavre avec dégoût, avant de détourner le regard, espérant que les charognards viendraient émietter cette carcasse jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que le squelette. Alors qu'il remettait son chapeau sur son crâne et qu'il venait de donner une promotion à son garde du corps Jaime, ce dernier semblait en proie à l'hésitation. Latham serra les mâchoires et l'observa.

« Si je fais ce choix, c'est qu'il est judicieux. »

Latham se détourna de Jaime. Il n'était pas le genre d'homme à hésiter ou à faire de mauvais choix. Encore moins à montrer la moindre faiblesse. Le fait que Butch venait de le trahir lui apprenait une sacrée leçon et il ne se laisserait pas faire la prochaine fois. Latham n'était peut être pas un homme d'action mais il était très observateur et savait séduire avec ses mots. Jaime ressemblait plus à un ours en manque de miel mais il parlait lui. Alors Latham n'hésitait pas à lui offrir le poste, quoi qu'il lui imposait plus qu'autre chose. Latham avait besoin d'une personne à ses côtés et Jaime avait toujours été l'un des plus fidèles qu'il avait pu avoir. S'il n'y avait pas eu Butch avant l'arrivée de Jaime, il aurait eu le poste des le départ. Latham s'étira un peu puis entra dans la maison pour regarder la boucherie qu'ils avaient fait. Il fit une moue approbatrice en hochant son visage.

« C'est ta première bonne idée en tant que bras droit. »

Puis, il récupéra le moindre billet qui traînait, laissant Jaime fouiller les corps encore chaud. Lui, il n'aimait pas spécialement toucher les morts. Cependant, il remarqua un bague en argent pour femme qui dépassait d'une poche et l'attrapa du bout des doigts. Un fin sourire se dessina sur le visage de l'homme qui pensait déjà à l'offrir à Margaret. Elle aussi avait le droit à de petites attentions lors de ses escapades. Latham récupéra les sacs et quitta la maison. Comme le disait Jaime, la fusillade allait probablement alerter les forces de l'ordre et il valait mieux qu'ils ne soient pas dans les parages quand la cavalerie allait arriver. Une fois les sacs bien attachés sur son cheval, il grimpa dessus, lâchant un léger sourire. Jaime ne pensait toujours qu'à picoler mais Latham ne s'en préoccupait pas réellement. Il jeta un bref coup d’œil à la montagne perchée sur son canasson.

« Bonne idée... Mais avant, on planque le fric. »

L'homme talonna son animal pour le mettre en route, filant au galop jusqu'à la cache financière. Seuls les proches de Latham la connaissait. En l’occurrence, Butch et Jaime. Devait il la déplacer ? Butch en avait il parlé à quelqu'un ? Latham soupira en arrivant près de la souche. Il quitta son cheval pour aller dégager la petite trappe et l'ouvrir. L'argent était encore là. Signe que Butch n'avait pas eu le temps d'en parler ou alors qu'on avait pas eu le temps de venir le récupérer.

« Tu crois que je le déplace ? »