Rencontre au sommet (Diane)

Morte. La matriarche qui gérait le cabaret « Le Paradis Latin » venait de décéder, laissant derrière elle, orphelines, les filles du cabaret. Le reste du personnel aussi mais les filles étaient très attachées à cette femme et la perdre était comme perdre une mère, une protectrice. Levi entretenait de bonnes relations avec cette dernière et il espérait qu’il en serait de même avec celle qui lui succéderait. Il comptait bien conserver ce quartier entièrement sous sa coupe. Le gérer et le surveiller non-stop prenait un temps fou et demandait une organisation des plus pointues. Levi fournissait le cabaret en alcool, réservé à certains rares clients. Mieux valait ne pas trop en fournir pour éviter que cela se remarque. Même s’il avait la police dans sa poche, il ne fallait pas jouer avec le feu. Le maire de la ville veillait au grain malgré son jeune âge.

Levi avait enfilé son plus beau chapeau (de son avis) et un veston qui imposait le respect. Machinalement, il remit convenablement les différentes chevalières qu’il portait aux doigts puis quitta son bureau. Sur le chemin, il salua ses hommes et quitta le bâtiment pour rejoindre celui du Paradis Latin qui se trouvait un peu plus loin, dans une rue plus visible. Levi avait toujours aimé le style du bâtiment. Il tranchait d’ailleurs pas mal avec tout ce que l’on pouvait voir d’autre à New Haven. Au moins, on ne pouvait pas le louper. Il évita de trop s’attarder en chemin même si les gens le saluaient, plus avec crainte qu’autre chose pour la majorité. Par chance, il était de bonne humeur pour le moment aujourd’hui. Après tout, il y avait eu un décès et cela ne se prêtait guère au conflit.

Le juif passa les portes de l’établissement et s’avança jusqu’au comptoir. Personne sur scène pour le moment. Sans doute le temps que tout s’organise. Mais c’était sans doute aussi une façon de respecter le deuil de toutes. Personne ne devait avoir envie de se trémousser aujourd’hui. Même si Levi appréciait beaucoup ces spectacles, il n’avait pas trop la tête à ça non plus. Tant mieux s’il n’y avait rien pour le détourner des raisons de sa venue en ces lieux. Le barman le salua et Levi réclama à voir la nouvelle responsable. Il ignorait encore de qui il pouvait s’agir, la surprise était totale. Et il espérait que cela soit une bonne surprise histoire que tout ce qu’il avait entreprit avec la matriarche jusqu’à présent reste tel quel. Ou mieux, que cela évolue de façon encore plus positive. C’était son quartier et Levi ne voulait aucunement que les gens qui y vivaient manquent de quoi que ce soit. Armes, alcool et diverses drogues, il fournissait de tout. Tout ce qu’il souhaitait était que les choses soient comme avant toutes ces interdictions stupides. Se priver pour contenter un gugus qui n’existait que dans l’imaginaire collectif était stupide, de son avis. Et il espérait fortement que la femme qu’il allait rencontrer était de son avis.

Levi s’adossa au comptoir, patientant. Il n’était pas du genre à s’y accouder comme un vulgaire pochetron, surtout pas quand il était en visite officielle.

@Diane Barnes

Rencontre au sommet

Levi & Diane

Madame Vernon était morte et elle m'avait laissé la gestion du « Paradis Latin ». Elle m'avait toujours dit qu'elle voulait que ce soit moi qui le récupère, je l'avais assisté pendant quelques années, n'étant ni danseuse ni cuisinière, il avait bien fallut que j'aide afin d'avoir le gîte et le couvert pour ma fille et moi-même. Madame Vernon n'était pas très âgée pourtant, mais beaucoup pensaient qu'elle avait passé l'arme à gauche à cause de ses excès. C'était un bon vivant et elle profitait de tout ce qu'elle pouvait. Elle avait donc laissé un testament stipulant que je serais la nouvelle tenancière, elle me léguait même tous ses biens. Madame Vernon n'avait jamais eu d'enfants malgré son passé de prostituée, un miracle sans doute. Le coeur sur la main, elle nous avait accueilli à bras ouvert et j'avais proposé mon aide pour les tâches ménagères et l'éducation si elle était intéressée. Voilà comment j'étais devenue matriarche à mon tour.

Je savais ce qui m'attendait, notamment la gestion des ressources du cabaret, l'approvisionnement et la gestion des spectacles. Je ne m'étais jamais rendu compte du travail que cela demandait et je m'étais rapidement retrouvée débordée. Heureusement que les filles géraient bien leurs spectacles et certaines m'avaient beaucoup aidé afin de maintenir les répétitions et de connaître les termes exacts. J'avais rencontré les principaux fournisseurs de Madame Vernon, je les avais déjà côtoyé auparavant, mais cette fois-ci c'était moi qui étais aux commandes et les choses me paraissaient bien différentes.

Alors que je recalculais les dépenses dans le bureau, quelqu’un frappait à la porte. C’était une des filles.

- Monsieur Goldman est là, il veut vous voir. » Ce nom ne me disait rien. Je n'avais pas souvenir d'avoir déjà vu ce monsieur Goldman, en tout cas, Madame Vernon ne me l'avait jamais présenté. Je griffonnais un astérisque pour ne pas perdre mes comptes et sortais du bureau pour me rendre au bar. Je voyais alors un homme adossé au comptoir, son visage me disait quelque chose, mais nous n'avions jamais été présenté. Je l'avais déjà vu s'éclipser avec Madame Vernon, mais je n'avais jamais su ce qu'il se passait, j'avais fini par conclure qu'ils devaient être amants et je n'avais pas cherché plus loin. Je me demandais tout de même ce qu'il me voulait à moi.

- Bonsoir. On m'a dit que vous vouliez me voir Monsieur Goldman ? » Je me tenais face à lui. « Madame Barnes. Diane Barnes. Je suis la successeur de Madame Vernon. » Je ne savais pas vraiment quoi faire face à lui. J'avais su comment réagir face aux autres parce que je les côtoyais déjà, mais c'était la première fois que j'avais affaire à lui et je ne savais pas ce qu'il me voulait.

(c) DΛNDELION

Alors qu’il patientait, Levi observait le cabaret. Il aurait été fort dommage de laisser un tel endroit à l’abandon. Ce genre de commerce était recherché vu tout ce qu’il proposait. De plus, le juif appréciait l’endroit et il aimait investir dedans. Puisqu’il était présent dans son quartier, il comptait bien en prendre soin comme s’il lui appartenait.

La femme qui succédait à madame Vernon s’approcha jusqu’à lui faire face. Elle le salua et il retira son chapeau pour la saluer d’un signe de tête poli. Elle se présenta et il nota son nom dans un coin de sa tête. S’il aimait se faire appeler par son nom de famille, il appelait généralement les gens par leur prénom et il ne comptait pas déroger à la règle. Ici, c’était lui qui les imposait généralement. Mais il ne voulait pas braquer la femme avec qui il allait faire affaire.

« Madame Barnes. Vous permettez que je vous appelle Diane ? Tout d’abord je tenais à vous présenter mes condoléances. Perdre une femme comme Madame Vernon ne doit pas être chose aisée. Mais je ne doute pas que les filles seront en de bonnes mains avec vous. Ou en tout cas je le souhaite. »

Après tout, il ignorait ce qu’elle valait en tant que personne alors en tant que dirigeante… Il remua l’une des chevalières présentes sur ses doigts. Rester plantés là à se dévisager n’était pas propice à la discussion.

« Y aurait-il un endroit où nous pourrions nous entretenir en privé ? J’aimerais vous parler de certaines choses et cela sera plus agréable autour d’un verre, qu’en dites-vous ? »

Il sourit à demi. Ses sourires n’étaient jamais très prononcés et plutôt rares mais toujours vrais. Il souhaitait conserver de bonnes relations avec l’établissement et il espérait que Diane serait conciliante. Après tout, ils désiraient la même chose : le bon fonctionnement de l’établissement. Malheureusement, la femme avait peut-être déjà des idées en tête pour la gestion de l’endroit, même s’il en doutait. Bien qu’elle se présentait comme une femme fière et sûre d’elle, il devinait de l’hésitation dans son regard. Cela venait sans doute du fait qu’elle ne le connaissait pas et que la mort de Madame Vernon était encore toute fraiche. Discuter affaires était peut-être un peu tôt mais au moins Diane verrait ainsi qu’elle n’était pas seule. Avoir des alliés n’était que bénéfique.

@Diane Barnes

Rencontre au sommet

Levi & Diane

Cet homme n'avait pas l'air commode, il avait le visage dur et fermé. Il avait l'air de prendre un certain soin de son apparence, comme en témoignait sa barbe bien taillée. Alors que je m'approchais de lui pour me présenter, il ôtait son chapeau et me saluait d'un signe de tête. Il prenait la parole afin de me présenter ses condoléances pour Madame Vernon et en profitait pour me mousser un peu. J'acquiesçais quand il me demandait s'il pouvait m'appeler Diane. Il semblait être le genre de personne à savoir ce qu'il voulait, je remarquais qu'il jouait avec l'une de ses chevalières à ses doigts et fronçais légèrement les sourcils. Il devait avoir de l'argent où alors c'était un héritage familial, mais dans les deux cas, il n'avait pas peur de se montrer avec de tels bijoux à ses doigts.

Il me demandait alors si il y avait un lieu un peu plus propice à un entretien privé. Je lui faisais donc signe de me suivre. Le barman du cabaret semblait serein, ce qui me rassurait un peu. Je menais l'homme jusqu'à mon bureau et je fermais la porte derrière nous, l'invitant à s'asseoir dans le fauteuil. La pièce n'avait pas trop changée, j'avais gardé le mobilier de Madame Vernon étant encore en excellent état. J'ouvrais un tiroir, tapais le double fond et en sortais une bouteille de Whisky. L'ancienne patronne m'avait indiqué toutes les cachettes qu'elle avait mis en place.

- Un Whisky vous conviendrez ? » Je sortais deux verres, montrant par la même occasion qu'il n'y avait pas d'autre choix de toute façon et prenais place sur le fauteuil de l'autre côté du bureau. Je lui servais un verre, me servais à mon tour et posais la bouteille de Whisky entre nous. « Alors Monsieur Goldman, que me vaut le plaisir de votre visite ? » J'avais hâte de savoir ce qu'il pouvait bien me vouloir et surtout quel business il pouvait avoir avec l'ancienne patronne. « J'ai cru comprendre que vous connaissiez Madame Vernon et à en voir la réaction du personnel, vous n'êtes pas inconnu ici. »

Je poussais le verre dans sa direction et prenais appui sur le dossier de mon propre fauteuil tout en tenant mon verre dans une main. J’avais vu Madame Vernon faire et j’avais pris exemple sur elle lorsque j’avais des rendez-vous professionnels.

(c) DΛNDELION